Nature morte, terme qui désigne la représentation peinte (ou photographiée) d'objets, de fleurs, de fruits, de légumes, de gibiers ou de poissons. "Still life" en anglais, "Stilleben" en allemand, "bodegón" en espagnol… Les termes désignant les natures mortes renvoient à une "vie immobile" ou des "coins de cuisine" : une allusion à la vie et au mouvement qui se dégage des choses, mêmes inanimées. Dans la langue française, on parle un temps de "vie immobile" ou "silencieuse", ou de "nature reposée". Diderot emploie le terme de "nature inanimée". Mais ces dénominations ne tiennent pas et l’expression "nature morte" l’emporte.
Sujet désuet sans enjeux, pas de défense d’idée, de dénonciation ou de vision humaniste, sociale ou écologique, juste un instant suspendu, une mise en scène avec quelques fleurs, jeu de couleurs et de lumière, il s’agit ici de créer une image harmonieuse, apaisante et un rien poétique.
Les premières natures mortes connues du monde occidental sont des fresques et des mosaïques provenant de Campanie (Herculanum et Pompéi) ou de Rome. Au Moyen-Age, on peint surtout des objets religieux. Ces objets ne sont pas là pour leur existence propre, mais pour ce qu'ils symbolisent. Aux XVIe s. et XVIIe s., la nature morte prend tout son essor en Flandre et en Hollande. A l’amorce du capitalisme moderne, les peintres flamands se mettent à représenter des marchandises de plus en plus abondantes, ou des outils de travail et de cuisine. Au XVIIIe s., la nature morte se place à la charnière entre le désir artistique de rivaliser avec la Nature, hérité de l'Antiquité et redécouvert à la Renaissance, et l'expression de l'artiste par la façon de la représenter, qui va dominer le siècle suivant. Au XXe s., la transition de la nature morte comme genre mineur à celle d'outil plastique se fait par le biais de Cézanne qui expérimente de nouveaux systèmes perspectivistes/représentatifs.
Les photographes ont très vite emboîté le pas aux peintres, et les natures mortes se prêtaient bien à la faible sensibilité des premières surfaces sensibles, en permettant des temps de pose très longs. Entre héritage des beaux-arts et statut d’image publicitaire et corporate, la nature morte est en réalité riche et englobe plusieurs démarches et visions. L'art de la photographie de nature morte réside dans le choix de l'éclairage, la composition, la disposition des sujets, des accessoires, des arrière-plans... et de la sensibilité de l'artiste.








